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Compositions types
PLAN TYPE 1
LE MONDE EN GUERRE EN 1942
I) UN MONDE QUI RESTE SOUS LA DOMINATION DE L’AXE
A) L’Axe atteint son expansion maximale
Des régions entières ont été rattachées au Grand Reich allemand comme l’Alsace-Lorraine, l’ouest de la Pologne, le Luxembourg, la Bohême-Moravie et la Slovénie. Plusieurs Etats sont sous la domination directe de L’Allemagne nazie : la Norvège, les Pays-Bas, la Belgique, le Nord de la France, l’Ukraine, les Pays Baltes, la Yougoslavie et la Grèce. D’autres Etats collaborent activement avec l’occupant : la France de Vichy, la Slovaquie et la Croatie. D’autres enfin sont les alliés de l’Allemagne : l’Italie, la Roumanie, la Bulgarie, la Hongrie et L’Albanie. Seuls la Grande-Bretagne de Churchill et l’URSS de Staline résistent encore à l’Axe. Les Etats neutres sont peu nombreux : Espagne, Portugal, Irlande, Suède, Suisse et Turquie. En Extrême-Orient, les Japonais contrôlent l’ensemble des archipels du Pacifique ainsi que le littoral chinois, l’Asie du Sud-Est et l’Indonésie.
B) L’Axe pille les régions qu’il contrôle
L’ordre nouveau allemand et japonais s’impose partout en Europe et en Asie. Toute la production des pays soumis est mise au service des vainqueurs. Le pillage prend plusieurs formes : versement d’indemnités d’occupation, pillage agricole, minier, industriel et artistique. En France, la grosse forge, l’aéronautique, la construction navale, l’automobile et l’industrie de caoutchouc sont mises à disposition du Reich. Avec l’instauration du rationnement, un intense marché noir commence à se développer notamment en France. Tous les pays soumis ne sont pas traités de la même façon : la France qui est peuplée de latins (race tolérée par les Nazis) et qui collabore activement bénéficie d’un traitement de faveur par rapport à la Pologne peuplée de Slaves et de Juifs (considérés comme des sous-hommes par Hitler). Le nombre de calories consommées par jour témoigne de cette inégalité de traitement : environ 1100 calories/jour en France contre seulement 600 calories/jour en Pologne. Au même moment, un Allemand consomme 3600 calories /jour. Au prélèvement matériel, l’Axe ajoute le prélèvement humain. En Europe de l’Est, les Slaves sont exploités comme des esclaves. En Occident, la propagande encourage les hommes à aller travailler en Allemagne. Faute de volontaires, Sauckel, le responsable de la main d’œuvre du Reich instaure le Service du Travail Obligatoire (STO) en 1942.
C) L’Axe impose partout son idéologie
L’idéologie nazie est véhiculée par la ministère de la propagande de Goebbels. Tous les moyens sont utilisés : affiches, cinéma, radio, tracts, livres, journaux… Les valeurs comme le travail, la discipline, l’effort, l’obéissance aveugle au chef et l’amour de la Patrie sont enseignées. Les activités sportives et la virilité sont glorifiées : statues d’Arno Brecker. La natalité est encouragée : en France Pétain crée la fête des mères et encourage les familles nombreuses ; en Allemagne Hitler encourage lui aussi la natalité et les mariages « purs » entre aryens. Les grandes idéologies comme le communisme et le capitalisme sont condamnées car associées au « complot juif ». La démocratie est rejetée au profit d’un nationalisme violent. L’antisémitisme est omniprésent : les Juifs sont exclus de tous les postes à responsabilité (fonctions politiques, militaires, juridiques, scolaires…). Ils sont accusés de tous les maux et sont contraints de porter l’étoile jaune de David. Des expositions « pseudo-scientifiques » sont même organisées sur eux pour apprendre à les reconnaître et à les dénoncer (ex : l’exposition « le Juif et la France). En Asie, les Japonais considèrent également appartenir à une race supérieure : ils imposent leur domination sur les autres peuples en ayant recours à la fois à la répression féroce et à la propagande anti-occidentale.
II) DES POPULATIONS QUI SOUFFRENT ET QUI REAGISSENT DIFFEREMMENT FACE A L’OCCUPATION
A) Les peuples souffrent beaucoup de l’Occupation
En Europe, la terreur maintien l’essentiel de la population dans une position attentiste. La Gestapo (police secrète d’Etat) recueille les dénonciations et traque les résistants et les Juifs tandis que la SS (armée d’élite du Führer) dirigée par Himmler se charge de toutes les basses besognes notamment en Europe de l’Est où elle multiplie les massacres (Einzatsgruppen : massacre de Babi Yar en Ukraine : 33 771 juifs tués en deux jours). La terreur repose sur les contrôles d’identité permanents ; l’interdiction de circuler la nuit ; l’interdiction d’accès au littoral où des milliers d’hommes sont affectés à la construction du mur de l’Atlantique ; les couvre-feux obligatoires la nuit pour protéger les villes des bombardements anglo-saxons ; les exécutions d’otages (50 otages à Nantes ; 100 otages pour un Allemand tué en Pologne) ; l’emploi systématique de la torture contre les résistants ; la constitution de ghettos-mouroirs (ghetto de Varsovie) ; la déportation massive des opposants politiques, des Juifs, des drogués, des alcooliques, des criminels, des Tziganes, des homosexuels, des handicapés mentaux et physiques vers les camps de concentration ou d’extermination. Dans ces camps le prisonnier est déshumanisé : nom remplacé par un numéro, uniforme rayé, triangle de couleur ou étoile de David identifiant le « crime » commis, réduction en esclavage, travail éreintant, humiliations permanentes, privation de sommeil et de nourriture, stations debout imposées dans le froid pendant des heures, bastonnade, exécutions sommaires. En 1942, les hauts responsables nazis décident de mettre en place la « solution finale » qui est un programme d’extermination de tous les Juifs d’Europe. Dès lors, des wagons de marchandises partent de tout le continent pour alimenter les chambres à gaz et les fours crématoires des usines de la mort situées en Pologne : Auschwitz, Treblinka, Majdanek, Chelmno, Sobibor, Belzek. En Asie, les Japonais se livrent également à des massacres notamment en Chine (chinois enterrés vivants, brûlés vifs, marches de la mort, inoculation de maladies mortelles sur les détenus…).
B) Malgré toutes ces souffrances, certains choisissent la voie de la collaboration
Parmi les collaborateurs, on trouve un certain nombre d’individus qui cherchent à profiter de la présence nazie pour des raisons purement égoïstes : certains profitent ainsi de la situation pour s’enrichir ou pour progresser dans la hiérarchie sociale. En ce sens, leur attachement à l’idéologie nazie n’est pas forcément sincère à la différence des collaborationnistes. Pour leur part, les collaborationnistes sont farouchement hostiles à toutes les valeurs républicaines et démocratiques. Ils rejettent les Droits de l’Hommes (libertés d’opinion, d’expression, de culte, de déplacement, de syndicat, de grève, de manifester, égalité) ; ils vomissent le communisme ; ils sont nationalistes et antisémites ; ils souhaitent un pouvoir politique fort fondé sur le culte du chef. Les plus convaincus s’engagent auprès des troupes allemandes dans la SS ou pour aller combattre sur le front russe (ex : la Légion des Volontaires Français). Certains Etats comme la France de Vichy, la Norvège, le Danemark, la Grèce sont collaborationnistes. Ils cherchent par cette attitude à obtenir un traitement de faveur de la part de l’Allemagne. A la collaboration économique, ces Etats ajoutent la coopération policière en procédant à des arrestations pour le compte de l’Allemagne et en participant activement à persécution et à la déportation des Juifs vers les camps d’extermination. Ainsi la France rend obligatoire le port de l’étoile jaune aux Juifs en mai 1942 et met à la disposition de l’Allemagne des camps de transit comme Drancy à partir desquels les Juifs sont déportés vers la Pologne (juillet 1942 : rafle du Vél d’hiv.) La France de Pétain et de Laval pousse même le zèle jusqu’à proposer à l’Allemagne la déportation des enfants juifs français que les autorités allemandes ne réclament pas encore.
C) alors que d’autres résistent
Les résistants sont une petite minorité courageuse. Il s’agit d’hommes et de femmes, de tous les âges, de toutes les couches sociales, de toutes les sensibilités politiques et religieuses qui risquent à tout moment d'être dénoncés, arrêtés, torturés, emprisonnés, exécutés ou déportés. Leurs motivations sont diverses : refus de la défaite, de l'occupation allemande, de la collaboration, de la dictature et des mesures antisémites. Deux types de résistances existent. D’une part la Résistance extérieure qui s’organise en Angleterre et qui se prépare à l’offensive finale contre l’Axe (Forces Françaises Libres, brigades polonaises). D’autre part la Résistance intérieure qui se développe dans les pays occupés (maquis du Vercors et des Glières en France, maquis yougoslaves). Elle revêt des formes multiples telles que l’écoute de la BBC, la propagande anti-nazie (affiches, graffitis, journaux clandestins, tracts…), la dissimulation des Juifs, la participation à des réseaux d'évasion, le refus du STO, le renseignement au profit des Alliés, le sabotage, les assassinats... Cette Résistance apparaît surtout comme divisée : la cohabitation est souvent conflictuelle entre communistes, non communistes et anticommunistes. Plusieurs facteurs extérieurs favorisent néanmoins son renforcement. Le premier est l'attaque allemande contre l'URSS en juin 1941 qui pousse de très nombreux militants communistes, pourchassés par les Nazis, à rallier en masse les rangs de la résistance. Le second est la mise en place du STO en septembre 1942 qui pousse les réfractaires à prendre le maquis. Le troisième est l’invasion par la Wehrmacht de la zone sud de la France en novembre 1942 qui finit de discréditer le régime de Vichy et qui va contribuer à unifier tous les mouvements résistance en France.
III) MAIS UNE SITUATION QUI SE RETOURNE AU PROFIT DES ALLIES
A) Depuis 1941, le conflit est devenu mondial
L’invasion-éclair de l’URSS par les troupes allemandes commencée en juin 1941 lors de l’opération Barbarossa a été stoppée nette par l'hiver glacial mais elle reprend avec vigueur au cours de l'été 1942. La Wehrmacht qui est alors aux portes de Léningrad et de Moscou parvient sur la Volga et menace les puits de pétrole de Bakou sur la mer Caspienne. En décembre 1941, la destruction de la flotte américaine du Pacifique par les Japonais à Pearl Harbor a fait basculer à leur tour les Etat-Unis dans la guerre. Dans l'Atlantique, la guerre sous-marine s'intensifie : les sous-marins allemands coulent deux fois plus de bateaux alliés qu'en 1941 compromettant gravement l'acheminement des convois qui ravitaillent les îles britanniques et l'URSS. En Afrique du Nord, L'Africa Korps de s'empare de Tobrouk et pénètre en Egypte dans le but de s’assurer le contrôle du Canal de Suez (la route du pétrole) et d'opérer sa jonction au Proche-Orient avec les troupes allemandes du Caucase. En août 1942 le Brésil entre à son tour dans la guerre aux côtés des Alliés. En Asie, les Japonais sont parvenus jusqu'en Birmanie aux portes des Indes anglaises. Dans le Pacifique, ils menacent l'Australie et la Nouvelle Zélande.
B) Les Alliés mettent un coup d'arrêt aux conquêtes de l'Axe
Le potentiel dont disposent ensemble les pays de la Grande Alliance (Empire britannique, URSS, Etats-Unis et leurs alliés) dépasse les réserves dont peuvent disposer les pays de l'Axe. Dans le Pacifique, en mai dans la Mer de Corail, au Nord-Est de l'Australie, une bataille aéronavale tourne à l'avantage de la flotte américaine. En juin, lors de la bataille de Midway au cœur du Pacifique, l'amiral Nimitz détruit les plus belles unités de la flotte japonaise. En novembre, l'avance japonaise est stoppée dans le Pacifique sud à Guadalcanal (îles Salomon). En Egypte, à El Alamein (octobre 1942), l'Afrika Korps de Rommel est stoppé par Montgomery et se replie sur la Tunisie. En novembre, les Alliés débarquent au Maroc et en Algérie (opération Torch), ce qui entraîne en France l'invasion de la zone sud par la Wehrmacht. En Europe de l’Est, l'offensive allemande est stoppée à Stalingrad. En URSS, la VIème Armée allemande commandée par Von Paulus est encerclée. En Afrique les Allemands battent en retraite tandis que l’Italie a perdu toutes ses conquêtes (Erythrée, Ethiopie, Libye). En Asie et dans le Pacifique, les Américains lancent la grande contre-offensive. Les coups d'arrêt des Alliés mettent fin au mythe de l'invincibilité des forces de l'Axe.
CONCLUSION
L'année 1942 marque bien un tournant décisif dans le déroulement de la 2ème guerre mondiale. Les offensives de l'Axe sont partout stoppées, mais l'issue des combats reste encore bien incertaine. Si les Alliés ont effectivement repris espoir, ils doivent encore redoubler d'efforts pour entreprendre la reconquête des immenses territoires occupés par l'Axe en Europe, en Afrique, en Asie et dans le Pacifique.
PLAN TYPE 2
LES USA ET L’URSS DANS LA SECONDE GUERRE MONDIALE
I) Deux puissances qui cherchent à profiter de la guerre 1939-1941
A) Les Américains sont dans un premier temps résolument isolationnistes
Votées par le Congrès à partir de 1935, les lois de neutralité interdisent aux Etats-Unis d'intervenir directement dans le conflit jusqu'en décembre 1941. Le Congrès et l’opinion publique apparaissent alors comme résolument isolationnistes. Toutefois, l’Amérique soutient idéologiquement les démocraties contre le nationalisme allemand et japonais, c’est pourquoi économiquement, elle fournit massivement du matériel et des matières premières aux Franco-Britanniques dès 1940. Par la politique du cash and carry mise en place en 1939, les USA s’enrichissent sans courir aucun risque : les alliés payent cash le matériel et l’emportent sur leurs propres navires au risque de se faire couler par les U-boot allemands qui opèrent partout dans l’Atlantique. Pourtant, avec le temps, les mentalités évoluent : en mars 1941, les USA mettent en place la loi prêt-bail qui accorde une aide à tous les pays dont la défense est jugée utile à leur sécurité ; en août 1941, en signant la charte de l’Atlantique avec l’Angleterre pour préparer le monde d’après « la destruction totale et finale de la tyrannie nazie », les USA se trouvent de plus en plus dans une situation de guerre non déclarée.
B) En URSS, Staline préfère jouer la carte de la prudence
Bien que désignée clairement dans Mein Kampf comme un pays peuplé de sous-hommes (les Slaves et de Juifs) à soumettre, l'Union soviétique de Staline est parvenue à en détourner pour un temps l'agressivité vers les démocraties occidentales. En effet, très mécontent d'avoir été tenu à l'écart de la conférence de Munich et persuadé que Britanniques et Français cherchent à s'entendre avec Hitler au détriment de l'URSS, Staline choisit de s’allier avec son pire ennemi en signant avec Hitler en août 1939 le pacte de non agression germano-soviétique. Ce pacte secret contre nature arrange les deux pays. Staline y trouve son compte : il évite pour un temps la menace d’une guerre contre l’Allemagne, par ailleurs, une clause du pacte prévoit le partage de la Pologne entre l’Allemagne et l’URSS (la Pologne orientale constituera une zone tampon en cas d’offensive allemande à l’Est) ; enfin, il espère une guerre franco-allemande qui affaiblirait toute L’Europe occidentale ce qui lui laisserait ensuite le champ libre pour étendre le communisme sur tout le continent.
C) Staline profite par ailleurs de la guerre pour accroître le territoire de l’URSS
Le 1er septembre 1939, comme prévu par le pacte germano-soviétique, la Wehrmacht envahit la Pologne. Peu après, le 17 septembre 1939, les troupes soviétiques attaquent et soumettent la Pologne orientale. Des milliers d'officiers polonais sont exécutés par la police politique (NKVD) ; leurs corps seront découverts en 1943 par les Nazis dans le charnier de Katyn. En 1940, l'URSS sous prétexte de se protéger et pour s’offrir un accès plus large sur la mer Baltique fait la conquête de la Carélie finlandaise et s’empare des trois Républiques baltes (Estonie, Lettonie, Lituanie).
II) Deux puissances Agressées en 1941
A) L'invasion de l'Union soviétique en juin 1941
Staline qui croyait que la guerre épargnerait l'URSS et se limiterait à un affrontement entre « puissances impérialistes » à l'ouest est pris au dépourvu par l'attaque allemande. Hitler lance 4 millions d’homme dans l’opération Barbarossa. L'Armée rouge est enfoncée et recule partout en pratiquant la politique de terre brûlée pour freiner au maximum l’avancée de l’armée allemande. La Wehrmacht s'avance au cœur de l'URSS, encercle Leningrad, s'empare de Kiev, du Donbass et menace Moscou. Les prisonniers de guerre soviétiques sont exterminés. La Russie d'Europe est occupée. Transformées en « Territoires de l'Est », les Républiques baltes, l'Ukraine et la Biélorussie sont soumises à la terreur nazie et livrées au pillage.
B) L'entrée en guerre des Etats-Unis en décembre 1941
Le 7 décembre 1941, six porte-avions japonais partis en secret des îles Kouriles se dirige vers les îles Hawaï. A 7 heures 55, Sans déclaration de guerre, une première vague de 183 appareils décolle et attaque par surprise la grande base aéronavale US du Pacifique de Pearl Harbor, suivie d’une seconde vague à 8 heures 40. 2 cuirassés sont coulés et 6 autres gravement endommagés ; 188 avions américains sont détruits ou endommagés. 2330 américains perdent la vie. Par chance les porte-avions US étaient au même moment en manœuvre dans le Pacifique : ils échappent à la destruction. Pearl Harbor marque la fin de l’isolationnisme américain et constitue une étape importante dans la mondialisation du conflit. Le lendemain, les USA déclarent la guerre au Japon.
C) Une mobilisation sans précédent
Aux USA comme en URSS, la mobilisation est totale : les Etats-Unis mettent en place une véritable économie de guerre et se lancent dans le « Victory Programm » fondé sur le travail, l’impôt et les emprunts. Entre 1941 et 1945, les dépenses militaires vont être multipliées par cinq. Tous les médias sont mis au service de la guerre en véhiculant une intense propagande contre l’Axe (presse, radio, cinéma…). Un programme nucléaire est lancé en 1943 en vue de mettre au point une bombe atomique (projet Manhattan dirigé par Oppenheimer). Les chantiers navals se lancent dans la production des navires du type « liberty ship » qui sont montés en seulement 12 jours. Par ailleurs, les gouvernement US rétablit la conscription, mobilise 12 millions d'hommes et de femmes, reconstruit sa flotte de guerre et fabrique en très grandes séries avions, canons, chars, moyens de transports militaires. Parallèlement, Staline provoque un sursaut national. Il appelle le peuple russe à s'unir à nouveau dans la « guerre patriotique » et à se lever contre l'envahisseur comme il l'avait fait en 1812 face aux troupes napoléoniennes, à pratiquer la tactique de la « terre brûlée », à former des groupes de « partisans » pour harceler l'ennemi sur ses arrières. Les usines sont démontées et repliées à l'abri de l'Oural. Toutes les ressources de l'URSS sont mobilisées.
III) Deux puissances alliées dans la guerre contre l’Axe
A) La Grande Alliance
Américains et Soviétiques se rencontrent à plusieurs reprises au cours du conflit pour coordonner leurs opérations militaires et pour essayer de préparer l’après-guerre. Lors de la conférence de Téhéran en novembre 1943, pour satisfaire les demande répétées de Staline d’ouvrir un second front en Europe, les USA s’engagent pleinement dans la préparation des deux débarquements qui auront lieu en France en 1944 en échange Staline s’engage à attaquer le Japon lorsque l’Allemagne sera vaincue. En février 1945, lors de la conférence de Yalta, Roosevelt, Churchill et Staline se rencontrent à nouveau en Crimée. Lors de cette conférence, les deux Grands s’accordent sur la dénazification de l’Allemagne après la guerre, sur la création d’une organisation chargée de maintenir la paix dans le monde (l’ONU : Organisation des Nations Unies) et sur l’organisation d’élections démocratiques dans les pays libérés au nom de la « liberté des peuples à disposer d’eux-mêmes ». L’ONU voit le jour en juin 1945, lors de la conférence de San Francisco : les USA et l’URSS y obtiennent tout deux une place en tant que membre permanent du conseil de sécurité. Enfin, à la conférence de Potsdam en juillet-août 1945, les deux Grands (Truman et Staline) en compagnie de Churchill exigent la capitulation du Japon dans un ultimatum sous peine de « destruction totale ».
B) L’offensive soviétique à l’Est
Lors de l’été 1942, la Wehrmacht reprend l'offensive et se rapproche de la mer Caspienne où elle entend bien s’emparer des gigantesques réserves pétrolières de la région de Bakou. Toutefois, son avance est stoppée par les troupes soviétiques qui encerclent l’armée allemande de Von Paulus. Ainsi, la meilleure armée allemande se voit contrainte de capituler en février 1943 après des combats acharnés dans la neige. Le mythe de l'invincibilité de l'Allemagne nazie s'effondre. Désormais les troupes allemandes ne cessent de reculer sur le front Est. Koursk (plus grande bataille de chars de l’histoire), Kharkov et Kiev sont libérées en 1943. Fin 1944, la Finlande, la Roumanie et la Bulgarie, alliées de l'Allemagne, signent un armistice. Au début de 1945, l'Armée rouge libère la Pologne, la Hongrie, la Tchécoslovaquie, et s'avance en Autriche et en Allemagne. Elle révèle aux yeux du monde entier toute l’horreur des camps d’extermination (libération d’Auschwitz-Birkenau le 25 janvier 1945).
C) L’offensive américaine en Europe
A partir de 1943, les succès navals anglo-américains font de l’Atlantique un océan allié. Dès lors, le ravitaillement des Occidentaux et des Soviétiques se révèle plus facile et l’Angleterre apparaît comme une tête de pont à partir de laquelle les USA vont pouvoir préparer un débarquement en France. En Europe et en Afrique, les Etats-Unis se lancent dans une stratégie frontale reposant sur des débarquement massifs. D’abord en Afrique du nord : opération Torch (novembre 1942), puis en Sicile (10 juillet 1943) et en Italie du Sud (9 septembre 1943). Ensuite en France le 6 juin 1944 : l’opération Overlord placée sous la direction du général US Eisenhower engage massivement les troupes américaines aux côtés des Anglais, des Canadiens et des Français de la France libre. Le 15 août un second débarquement est organisé en Provence en collaboration avec les Français (opération Anvil-Dagoon). Les Américains participent donc activement à la libération de l'Europe occidentale. Ils opèrent leur jonction avec l'Armée rouge au cœur de l’Allemagne, à Torgaü sur l'Elbe. L’Allemagne, représentée par Keitel signe sa capitulation le 8 mai 1945.
D) Le règlement du conflit en extrême orient
Les Etats-Unis ont stoppé l'offensive japonaise dans le Pacifique dès 1942 lors de batailles de la mer de Corail (en mai, au nord de l’Australie), de Midway (en juin, dans le centre du Pacifique) et de Guadalcanal (en octobre, dans les îles Salomon). Ils entreprennent avec l'amiral Nimitz et le général Mac Arthur la reconquête des îles du Pacifique île par île (tactique du saut de puce). Devant le coût exorbitant de ces opérations tant en hommes qu’en matériel et déconcertés par l’action des pilotes kamikazes de l’armée japonaise, les USA décident de recourir à l’emploi de la bombe atomique testée avec succès quelques jours plus tôt dans le désert du Nouveau Mexique. Le 6 août 1945, un bombardier B-29 baptisé Enola Gay décolle des îles Mariannes et lâche la première bombe (Little Boy) sur Hiroshima (100 000 morts), trois jours plus tard, c’est au tour de la ville de Nagazaki d’être rayée de la carte (25 000 morts). Le même jour (9 août), conformément aux accords passés avec les Américains, l’URSS attaque la Mandchourie japonaise, la Corée du Nord, les îles Kouriles et le sud de Sakhaline. Le 2 septembre 1945, dans la baie de Tokyo, le Japon signe son acte de capitulation en présence de Mac Arthur à bord du cuirassé Missouri qui avait été endommagé à Pearl Harbor.
CONCLUSION
La victoire de 1945 renforce le prestige de Staline et de l'Union soviétique dans tous les pays libérés par l’Armée Rouge. Elle lui permet de conserver toutes ses conquêtes de 1939-1940 et d'étendre son influence sur toute l'Europe centrale. L'Union soviétique est désormais l'une des deux superpuissances qui vont dominer le monde d'après-guerre. Pourtant, dans l'immédiat, elle est saignée (près de 20 millions de morts), en partie dévastée, et son économie est ruinée. Les Etats-Unis abordent quant à eux l'après-guerre en grands vainqueurs. Sûrs de leur force symbolisée par le monopole de l'arme nucléaire, confortés dans leur rôle de première puissance mondiale, ils sont aussi conscients que l'avènement de l'Union soviétique comme grande puissance mondiale leur interdit désormais de retourner à leur isolationnisme traditionnel. Désormais, la méfiance puis la haine vont s’instaurer entre les deux Grands. La Grande Alliance va se disloquer et laisser place à une ère nouvelle : la guerre froide.
PLAN TYPE 3
LA RESISTANCE FRANCAISE
I) DIVERSITE ET ORIGINALITE DE LA RESISTANCE FRANCAISE
1. Qui étaient les résistants ?
Une petite minorité courageuse
300 000 résistants, hommes et femmes, de tous les âges, de toutes les couches sociales, de toutes les sensibilités politiques et religieuses, français et étrangers ( antifascistes italiens, antinazis allemands, républicains espagnols, arméniens et juifs apatrides ). À tout moment ils risquaient d'être dénoncés, arrêtés, torturés, emprisonnés, exécutés ou déportés.
Une minorité aux motivations diverses
Refus de la défaite et de l'occupation allemande.
Refus du régime de Vichy et de la collaboration.
Refus de la répression, des mesures antisémites.
Volonté de combattre pour la liberté.
2. Quand se sont-ils engagés et pourquoi ?
L'engagement dans le résistance est plus ou moins précoce (1940-1941) ou au contraire tardif (vichysto-résistants de 1943-1944). La résistance qui est d'abord un état d'esprit revêt des formes multiples qui va de l'attentisme prudent ou l'écoute de la BBC, jusqu'à la l'action directe (attentats, sabotages) ou la lutte armée dans les maquis, en passant par les manifestations patriotiques, le renseignement, la diffusion de la presse clandestine, la participation à des réseaux d'évasion, le refus du STO (service du travail obligatoire en Allemagne).
3. Quelles difficultés ont-ils dû surmonter ?
Les résistants étaient isolés. Ils ne pouvaient guère compter sur la population accablée par la défaite, soucieuse d'assurer d'abord sa survie et terrorisée par les menaces de représailles, ni sur l'aide des Alliés qui a tardé à venir et est restée limitée. Ils ont dû surmonter leurs propres divisions :
- cohabitation conflictuelle entre communistes, non communistes et anticommunistes, entre partisans du général de Gaulle et antigaullistes ;
- désaccord sur le plan stratégique entre ceux qui préconisaient la lutte armée immédiate, en particulier les communistes avec leurs Francs tireurs et partisans, français (FTPF) ou étrangers (Main d'oeuvre immigrée - MOI), et ceux qui privilégiaient le renseignement et l'attente des Alliés ;
- opposition enfin entre ceux qui entendaient combattre pour des changements profonds et ceux qui souhaitaient simplement un retour à la situation d'avant-guerre.
II) L’ORGANISATION ET L’UNIFICATION DE LA RESISTANCE
1. Des débuts difficiles, un développement séparé dans les deux zones
Les rares Français qui se sont engagés dans la résistance dès 1940 l'ont fait à titre individuel ou au sein de petits groupes isolés, agissant de façon spontanée, sans mots d'ordre, sans liens entre eux. Ce n'est que progressivement que des liens se sont établis, que le recrutement s'est étoffé, que des mouvement structurés se sont constitués :
- d'abord en Zone sud non occupée, qualifiée de « zone libre » ( Combat, Libération, Franc-Tireur, Témoignage chrétien ... ) ;
- puis en Zone nord occupée (Libération-Nord, Défense de la France, Organisation civile et militaire, Ceux de la résistance ou CDLR, Ceux de la libération ou CDLL ...) ;
- dans les deux zones, les communistes ont créé simultanément le Front national de lutte pour l'indépendance de la France.
2. Les facteurs de son développement
Quatre facteurs extérieurs à la résistance ont favorisé son développement :
Juin 1941 : l'attaque allemande contre l'URSS a levé les équivoques qui pouvaient subsister chez certains militants communistes depuis le pacte germano-soviétique d'août 1939, et a renforcé la détermination des résistants communistes qui constituaient depuis 1940 la cible privilégiée de la répression nazie et vichyste.
Septembre 1942 : l'établissement du STO a poussé les réfractaires à rejoindre les maquis.
Novembre 1942 : l'invasion de la Zone sud par la Wehrmacht a discrédité le régime de Vichy incapable de s'y opposer et a uniformisé les conditions de la résistance dans les deux zones.
Février 1943 : la capitulation de la 6ème Armée allemande à Stalingrad a fait s'effondrer le mythe de l'invincibilité de la Wehrmacht et de la victoire définitive du Reich hitlérien auquel le régime de Vichy avait adhéré.
3. Les étapes de l'unification de la résistance
La France libre avait besoin de se faire reconnaître par la résistance intérieure et la résistance intérieure avait besoin de l'aide de la France libre. En janvier 1942, de Gaulle envoie Jean Moulin en France avec pour mission d'unifier la résistance intérieure. Au printemps 1943, les mouvements de la Zone sud fusionnent dans les Mouvements unis de résistance (MUR), et ceux de la Zone nord commencent à coordonner leur action. Un Conseil national de la résistance (CNR) est créé où siègent les représentants des mouvements des deux zones, des partis politiques et des syndicats. Présidé par Jean Moulin puis après son arrestation en juin 1943, par Georges Bidault, le CNR élabore un programme qui est adopté en mars 1944. Ce programme fixe les conditions de la lutte immédiate pour la libération du territoire français et les mesures à appliquer après la libération pour rétablir la légalité républicaine et promouvoir de profondes réformes sur le plan économique et social. Au début de 1944, est créé le Mouvement de libération nationale (MLN) qui regroupe les MUR et plusieurs mouvements de la Zone nord.
III) LE ROLE DE LA RESISTANCE DANS LA LIBERATION DE LA FRANCE
1. L'action des maquis
Au début de 1944, les groupements armés issus des différents mouvements de résistance ont été unifiés au sein des Forces françaises de l'intérieur ( FFI ) commandées par le général Kœnig. À la veille et au lendemain du débarquement de Normandie de juin 1944, les maquis ont engagé partout le combat pour fixer le maximum de troupes allemandes et retarder l'acheminement des renforts. Ils ont subi l'assaut de la Wehrmacht appuyée par la Milice française au cours de batailles meurtrières livrées dans les Alpes sur le Vercors et le plateau des Glières, dans le Massif-Central au Mont Mouchet, et en Bretagne à Saint-Marcel.
2. Les combats de la libération
A partir de juin 1944, les FFI ont participé activement aux combats de la libération, paralysant les transports ferroviaires, attaquant les dépôts de munitions et de carburants, multipliant les actions de harcèlement et déclenchant l'insurrection parisienne qui a libéré Paris le 25 août 1944 avec l'appui de la 2ème DB. Dans la France libérée ont été mis en place partout des Comités départementaux et locaux de libération (CDL et CLL) constitués par des résistants, qui se sont substitués à l'administration de Vichy.
3. Le bilan de l'action de la résistance
Lorsque s'achève la libération de la France au printemps 1945 avec la réduction des dernières poches tenues par les Allemands, le bilan est lourd (20 000 FFI ou FTP tués au combat, 30 000 fusillés, 60 000 déportés, dont la moitié sont morts dans les camps).
Mais le sacrifice des résistants n'a pas été inutile et l'action de la résistance, même si elle n'a été qu'une force d'appoint, a bien servi la France:
- reconnue par Eisenhower, elle a épargné à la France d'être soumise à l'AMGOT ( Allied Military Government for Occupied Territories - Administration militaire alliée des territoires occupés ) ; - elle a permis aussi d'associer la France à la victoire alliée de 1945 ;
- enfin, elle est parvenue à réaliser l'union la plus large, à rétablir la République et à amorcer un renouveau. Après 1944-1945, malgré le retour au premier plan des partis traditionnels, les résistants vont jouer un rôle important dans la reconstruction administrative, politique, économique et sociale de la France.
CONCLUSION
Au lendemain de la guerre, beaucoup de résistants ont été déçus parce que le rétablissement en 1946 du régime d'assemblée par la IVème République, ne correspondait pas à l'idéal révolutionnaire qui avait motivé leur engagement dans la Résistance. Cependant, la vie politique française va être durablement marquée par l'héritage de la Résistance, et dans l'immédiat, le programme du CNR va en partie se concrétiser avec le vote des femmes, la nationalisation des secteurs clés de l'économie et la création de la Sécurité sociale.
PLAN TYPE 4
LA FRANCE DANS LA GUERRE
I) L’entrée en guerre et la défaite de 1940
A) La drôle de guerre.
Le 3 septembre 1939, suite à l’invasion de la Pologne, la France et la GB déclarent la guerre à l’Allemagne. La mobilisation des troupes se fait lentement, sans enthousiasme, avec résignation. La guerre est perçue par beaucoup comme inutile, comme une guerre qu’on ne veut pas faire et dont on espère qu’elle n’aura pas lieu. Pendant 8 mois, les troupes françaises et anglaises font face aux troupes allemandes le long des frontières nord et est de la France ; l’hiver est froid et les nazis se livrent à une intense propagande visant à démoraliser les alliés (tracts lâchés par avions, hauts-parleurs…) : c’est la « drôle de guerre ».
B) La défaite et l’occupation allemande.
L’état-major français est pris au dépourvu par l’attaque allemande Du 10 mai 1940 (contournement de la ligne Maginot). C’est la débâcle militaire, l’exode des populations jetées sur les routes dans la plus grande confusion. Pétain qui succède à Reynaud comme chef du gouvernement considère la défaite comme inévitable. Il sollicite auprès des Nazis un armistice pour éviter à l’armée l’honneur d’une capitulation. Signé à Rethondes le 22 juin 1940, l’armistice prévoit le découpage de la France en deux zones : la zone occupée au nord ; la zone non occupée au sud (zone libre), de part et d’autre d’une ligne de démarcation allant de la frontière suisse à la frontière espagnole. L’armée française est réduite à 100 000 hommes. Le pays est livré à un véritable pillage : indemnité d’occupation exorbitante ; réquisition des produits industriels et agricoles. Le bilan est lourd : 95 000 morts, 200 000 blessés, 1 600 000 prisonniers emmenés en captivité en Allemagne. Pourtant, la majorité des Français à l’impression d’avoir évité le pire grâce à Pétain (le héros de Verdun).
II) Les années noires de l’occupation
A) La liquidation de la IIIè République et la mise en place du régime de Vichy
En juillet 1940, le gouvernement s’installe à Vichy où les parlementaires accordent par un vote les pleins pouvoirs au maréchal Pétain qui devient chef d’Etat. Désormais les trois pouvoirs sont entre les mains du maréchal. La République est dissoute et remplacée par l’Etat français. La devise républicaine Liberté-Egalité-Fraternité est remplacée par Travail-Famille-Patrie. La francisque devient le symbole du régime de Vichy (double hache associée au bâton de maréchal orné de sept étoiles). Philippe Pétain, âgé de 84 ans, instaure un régime autoritaire et personnel. Il rend la République responsable de la défaite et lance un grand programme politique pour rétablir l’ordre moral : la « Révolution nationale ». Il s’appuie sur la propagande (manipulation de masse, culte de la personnalité du chef). Il redéfinit la place de l’homme et de la femme dans la société (mères au foyer avec beaucoup d’enfants ; hommes au travail). Il valorise les métiers manuels comme ceux de l’agriculture et l’artisanat au détriment des métiers intellectuels. Il interdit aux Juifs l’exercice de toutes les professions intellectuelles (fonctions politiques et juridiques, enseignement…). Toutes les libertés sont supprimées : liberté d’expression (presse censurée), liberté de déplacement (contrôles d’identités fréquents), liberté syndicale, droit de grève et de manifester.
B) La collaboration avec l’Allemagne nazie
Symbolisée par la poignée de main de Pétain à Hitler à Montoire en octobre 1940, la politique de collaboration d’Etat conduite par le chef du gouvernement Laval ne va pas empêcher l’Allemagne de violer les clauses de l’armistice : rattachement du Nord Pas de Calais au commandement militaire allemand de Bruxelles ; annexion de l’Alsace-Lorraine et enrôlement forcé des Alsaciens dans la Wehrmacht; occupation de la zone libre en novembre 1942. La collaboration a revêtu plusieurs formes: la collaboration économique avec l’instauration du Service du Travail Obligatoire (STO) en 1943 ; la collaboration militaire avec l’engagement de la Légion des Volontaires Français (LVF) et des Warren SS français sur le front russe ; la collaboration policière avec l’établissement de listes d’otages, la participation de la milice française aux rafles, aux tortures et aux exécutions de résistants et de Juifs ; l’ouverture de camps d’internements gardés par des gendarmes français, l’envoi vers Allemagne de convois de Juifs déportés (rafle du Vél’d’hiv en juillet 1942 ; entassement des déportés dans camp de Drancy avant de les acheminer vers Auschwitz ; seuls 3’entre eux survivront).
C) La vie quotidienne des Français sous l’occupation
La plupart des Français sont attentistes : ils ne s’engagent ni dans la résistance ni dans la collaboration. Tous souffrent du rationnement mais dans des conditions moindres qu’en Europe de l’Est : chaque Français dispose de tickets lui permettant d’acheter une certaine quantité de produits de base par semaine. Certains améliorent leur ordinaire avec le marché noir au risque de se faire dénoncer. La censure est omniprésente. Tous les déplacements sont contrôlés et des couvre-feux sont imposés chaque soir pour rendre les villes invisibles aux bombardiers anglo-saxons. La population prend l’habitude de se réfugier dans les sous-sols au moindre hurlement de sirène. Des milliers de personnes sont réquisitionnées par l’occupant pour participer à la protection des monuments et du littoral notamment avec l’organisation Todt chargée d’édifier le mur de l’Atlantique (ensemble de fortifications et de batteries de canons faisant face à la mer pour parer à un éventuel débarquement).
III) Les résistants et leur rôle dans la Libération
A) Une minorité d’hommes et de femmes courageux.
La résistance extérieure est née après l’Appel du 18 juin 1940 lancé depuis Londres par le général de Gaulle à la BBC, invitant les Français à poursuivre les combats contre les Nazis. Ceux qui ont répondu à son appel au Royaume-Uni et dans les colonies combattent aux côtés des Alliés au sein des Forces Françaises Libres (FFL). Les Forces Françaises de l’Intérieur (FFI) qui s’organisent lentement en France dans les deux zones autour de petits groupes isolés, revêt des formes multiples : sabotages, renseignements, filières d’évasion, lutte armée dans les maquis...
B) Une unification longue et tardive
Un bureau central de renseignement et d’action est créé à Londres pour armer et organiser la résistance intérieure que Jean Moulin parvient à unifier en 1943 au sein du Conseil national de la Résistance (CNR). A cette date, de Gaulle devient le chef incontesté de la résistance extérieure et intérieure. Dénoncé, Jean Moulin va être arrêté par la Gestapo (police secrète allemande) en 1943 et va mourir de ses blessures après avoir été torturé.
C) Le rôle de la résistance dans la victoire alliée.
Le CNR adopte un programme qui définit un plan d’action pour libérer le pays et les mesures à appliquer après la libération. Après le débarquement de Normandie du 6 juin 1944, l’insurrection nationale s’efforce de neutraliser toutes les communications pour empêcher ou retarder les renforts venus d’Allemagne et du sud de la France (la bataille du rail par exemple). Les maquis engagent le combat pour fixer les troupes allemandes sur le Vercors dans les Alpes, au Mont Mouchet dans le Massif Central, à St-Marcel en Bretagne. Les FFL combattent aux côtés des alliés: 2ème division blindée du général Leclerc et 1 ère armée française du général de Lattre de Tassigny.
D) L’Etat républicain est restauré.
La France échappe à l’administration militaire alliée que les Américains avaient initialement prévu d’y instaurer. Au fur et à mesure que les départements sont libérés, des commissaires de la République nommés par le GPRF (Gouvernement Provisoire de la République Française) et des comités locaux et départementaux de libération contrôlés par des résistants remplacent l’administration de Vichy et rétablissent partout la légalité républicaine. Il en résulte une menace de double pouvoir (pouvoir du gouvernement central et pouvoir des résistants locaux), menace que de Gaulle écarte en même temps qu’une éventuelle prise de pouvoir des communistes.
PLAN TYPE 5
LES RELATIONS INTERNATIONALES DE 1945 A 1953
I) LES PREMIERES TENSIONS ENTRE LES DEUX GRANDS EN 1945
A) Deux idéologies antagonistes
La défaite de l’Allemagne en 1945 a laissé face à face deux géants aux systèmes radicalement opposés : la démocratie libérale aux E-U et la dictature communiste en URSS. Leurs valeurs sont inverses : liberté d’entreprise et démocratie parlementaire d’un côté, collectivisation, planification et totalitarisme de l’autre. Les EU ne pouvaient que mal s’accommoder avec un système communiste qui rejetait les fondements de la civilisation US, à savoir : la propriété, la famille et la religion.
Staline est à l’apogée de sa puissance : 1er secrétaire du PCUS, il détient tous les pouvoirs. Staline est le “maréchalissime”, le “guide génial”. Il considère que certains territoires sont vitaux pour la sécurité de l’URSS. C’est l’idée de constituer un glacis sécuritaire autour de l’URSS, tant en Europe, en Asie qu’en Extrême-Orient. En fait, pour Staline, l’URSS a payé le plus lourd tribut de la guerre contre l’Allemagne, ses troupes sont très avancées en Europe, il compte bien imposer le communisme dans toutes ces régions.
Une des préoccupations principales de Roosevelt à Yalta est d’amener l’URSS à s’engager à procéder à des élections libres dans les territoires libérés par l’Armée rouge (Europe de l’Est). Autre priorité pour les E-U : l’impératif libéral. Pour les Américains : il s’agit d’instaurer des démocraties libérales partout pour la paix, certes, mais aussi pour garantir la liberté des échanges si indispensables à la 1ère puissance économique d’alors (que concrétisent les accords du GATT en 1947).
B) Des question territoriales non réglées en Europe
- Concernant l’Allemagne
En février 1945, à Yalta, les Alliés s’étaient mis d’accord sur l’occupation de Berlin, la dénazification et la démilitarisation de l’Allemagne. Les criminels de guerre seront jugés (procès de Nuremberg). A Potsdam (juillet-août 1945), les frontières orientales de l’Allemagne ont été provisoirement fixées sur la ligne Oder-Neisse mais pas acceptées par les occidentaux. L’ancien Reich est divisé en 4, de même que Berlin (et Vienne), et administré par les 4 en commun. On est donc dans le provisoire : il n’y a plus d’Etat allemand, et on n’est d’accord ni sur la forme que devra prendre son futur gouvernement, ni sur les frontières à instaurer.
- Concernant la Pologne
Pour la Pologne, deux différends insolubles exacerbent les divergences : 1/ La frontière sur l’Oder-Neisse n’est pas accepté par les Occidentaux et restera une frontière de fait, sans traité, pendant longtemps), 2/ La question du futur gouvernement : Staline voudrait imposer un régime prosoviétiques, alors que les occidentaux préfèreraient le gouvernement polonais en exil à Londres.
C) La montée des tensions
En dépit des accords signés, Staline avance ses pions en Europe de l’Est. Le but : favoriser partout le contrôle des pays voisins par des PC locaux. Dans les pays occupés, l’armée rouge a un comportement souverain. Elle intervient dans tous les domaines et n’hésite pas à faire pression par des exactions et des violences. Très tôt, les communistes s’assurent le contrôle des ministères les plus importants : armée, justice, intérieur. Une fois installé à ces postes-clés, il leur est facile de réorganiser, épurer et noyauter. Sous prétexte de dénazification, les communistes ont éliminé tous les anciens cadres pouvant s’opposer à eux en Europe de l’Est. La propagande se déchaîne : Staline se veut rassurant dans ses discours, il parle de démocratie. Les arrestations sont présentées comme justes, car certains menaceraient la démocratie. Peu à peu la situation se dramatise entre les deux Grands. L’entente laisse sa place à la méfiance.
II) LA MISE NE PLACE DE LA GUERRE FROIDE
A) Le durcissement de la politique US : la « doctrine Truman » du containment.
En 1945, les EU veulent limiter leurs interventions extérieures comme ils l’ont toujours fait (isolationnisme). Ils rapatrient assez vite l’essentiel de leurs troupes, démobilisent une partie de l’armée, et laissent à leurs alliés européens le soin de contenir la poussée communiste. Or, affaiblie, l’Europe n’y parvient pas : les EU vont sentir la nécessité de venir les relever. En 1946, Truman semble persuadé que la conciliation est impossible. En 1945, Churchill lors d’un discours à Fulton aux USA parle pour la première fois d’un rideau de fer qui coupe l’Europe en deux. En 1947, Truman nomme le général Georges Marshall à la tête du Département d’Etat ce qui traduit la volonté de raidissement de la politique US vis à vis de l’URSS.
En 1947, Truman décide de stopper la poussée communiste dans le monde. Cette “doctrine Truman” du containment (= endiguement) innove sur un point capital : pour la 1ère fois le président des E-U affirme publiquement que l’URSS constitue une menace. Il renonce à défier l’emprise de l’URSS sur son glacis : on estime qu’on ne peut plus rien pour les pays d’Europe de l’Est, mais Truman proclame son intention de la “contenir” et de lui fermer tous les pays encore non-soumis. C’est le début de la guerre froide.
B) Le plan Marshall
En 1945 les pays d’Europe de l’ouest sont exsangues, le déséquilibre commercial entre les E-U et une Europe qui manque de tout s’accroît dangereusement : avant la fin 1947, l’Europe aura dépensé ses derniers dollars. D’où un double danger :
- les E-U risquent de se retrouver isolé dans leur prospérité dans un monde appauvri, d’où un risque de crise éco. aux E-U,
- on est persuadé que la misère est le meilleur terreau de l’expansion communiste.
En juin 1947, le nouveau secrétaire d’État américain propose une aide aux pays européens afin de lutter contre la misère qui risque de favoriser le communisme. Les E-U ont plusieurs buts :
- politique : lutte contre communisme. Urgent car dans de nombreux pays de l’ouest (France, Italie, les PC sont forts et font des pressions, grèves, déstabilisations),
- économique (les EU exportent beaucoup en Europe),
- humanitaire (encourager la démocratie).
Les Américains n’excluent pas l’URSS de l’aide mais celle-ci refuse catégoriquement. Le plan est accepté par 16 pays de l’Ouest. Il s’avère très intéressant : 85e dons, en nature surtout. En Europe de l’Ouest, l’OECE (Organisation européenne de coopération économique) est créé en 1948 pour répartir les aides..
C) La riposte soviétique : la doctrine Jdanov et la satellisation de l’Europe de l’Est
Fin 1947, Jdanov, principal théoricien du PCUS (directeur de la propagande, bras droit de Staline), déclare que le monde est partagé en deux camps irréductibles : un camp impérialiste dirigé par les E-U et un camp démocratique et anti-impérialiste sous la direction de l’URSS. C’est la « doctrine Jdanov ». Le monde est devenu bipolaire.
Octobre 1947, l’URSS crée le Kominform. C’est une administration chargée de coordonner les actions des PC européens. C’est un peu la réactivation de l’Internationale communiste. Son but réel est de renforcer le contrôle de l’URSS sur les PC européens. (Il sera dissous en 1956). Le Kominform place les PC européen dans la dépendance directe de Moscou. Au fil des pressions et élections arrangées, les PC l’emportent dans tous les pays de l’Europe de l’Est. La Tchécoslovaquie est l’un des derniers à tomber : en février 1948, le président Benès sous la pression des syndicats et de leurs milices, doit accepter un nouveau gouvernement communistes dirigé par Gottwald. Les élections, bien préparées, sont un triomphe pour le PCT. Ce coup de Prague crée une véritable psychose à l’ouest : “l’Europe à peur”. Entre 1946 et 1948, tous les pays d’Europe de l’Est deviennent ainsi des “démocraties populaires”, c’est-à-dire les pays dominés par un parti unique, le PC, à l’opposé d’une réelle démocratie. Seule la Yougoslavie menée par un chef prestigieux, Tito, parvient, non sans mal à s’extraire de la domination soviétique à la grande fureur de Staline.
D) La guerre froide vécue à l’intérieur des blocs
Aux USA, une véritable psychose anti-communiste s’installe : le Maccarthysme. C’est le temps de la “peur du rouge” et de la “chasse aux sorcières”. Partout, on traque et on juge les communistes, même jusqu’à Hollywood (Chaplin accusé d’être un rouge quitte les USA pour l’Europe). L’Amérique devient paranoïaque. Les époux Rosenberg sont accusés d’espionnage au profit de l’URSS et condamnés à la chaise électrique en 1953 avec des charges faibles. Finalement, les excès sont dénoncés et la surexcitation se tasse aussi vite qu’elle est venue... Autre signe du durcissement : la victoire d’Eisenhower en 1952 qui ne parle plus de “containment”, mais de “roll back” (faire reculer le communisme) et qui met au point sa « théorie des dominos ».
En URSS, on assiste à un raidissement tout aussi spectaculaire : course à l’armement (1ère bombe A en 1949, 1ère bombe H en 1953) et accentuation de la répression et du culte de la personnalité. Tout est contrôlé, un seul journal autorisé (“la Pravda” : la Vérité). L’opposant politique Soljenitsyne est interné au goulag. L’art et l’enseignement sont plus que jamais contrôlés par l’Etat. De 1949 à 1952, deux vagues de procès épurent les PC est-européen.
III) LE BRAS DE FER EST-OUEST.
A) Le blocus de Berlin
En 1945, le statut de l’Allemagne est précaire et instable. Ceci devait être provisoire, et il était prévu de réunifier les zones. En fait, la réunification ne sera pas possible à cause des comportements opposés des occupants dans leur zone respective : ils vont entreprendre la reconstruction de leurs zones de manière différente, rendant très difficile toute réunification par la suite, ceci dans un contexte de tensions croissantes. La question de l’Allemagne et de sa capitale Berlin va devenir pomme de discorde entre Américains et Soviétiques. Les 3 zones de Berlin-Ouest forment une enclave en pleine Allemagne de l’Est jugée intolérable par Staline. Ce dernier tente un coup de force en coupant tous les accès de la ville en 1948 (blocus). Les Américains, pour qui Berlin est déjà devenu un symbole et la vitrine du monde libre à l’Est réagissent immédiatement par un pont aérien. C’est l’échec pour Staline qui doit reculer et rouvrir les accès à la ville. En 1949, l’Allemagne éclate officiellement en deux avec la création de la RFA à l’Ouest et de la RDA à l’Est. Suite à cette crise, les USA créent en 1949 l’OTAN (traité militaire défensif entre les USA et les pays d’Europe de l’Ouest), inaugurant ainsi une véritable pactomanie qui atteindra son apogée au milieu des années 1950.
B) La révolution populaire en Chine et la guerre de Corée.
Une guerre civile oppose les Chinois entre-eux depuis les années 20 : conflit entre les communistes de Mao et les nationalistes de Tchang Kaï Tchek. En 1946 Mao l’emporte et fonde la République Populaire de Chine le 1er octobre 1949. Isolé, Mao va solliciter l’aide de Moscou et, dès 1950, un traité “d’amitié, d’alliances et d’assistance” est signé : la Chine s’engage sur la voie d’un socialisme à la soviétique.
En juin 1950, la Corée du Nord procommuniste et soutenue par l’URSS et la Chine, attaque la Corée du Sud proaméricaine. Les USA apportent alors leur soutien aux sud-Coréens. Finalement, après trois ans de guerre, un traité de paix est signé à Pan Mun Jom en juillet 1953. Cette guerre de Corée a des conséquences importantes car elle dramatise la guerre froide. Elle va pousser à :
- renforcer le contrôle de chaque bloc sur son camp,
- augmenter les dépenses militaires,
- pousser à la constitution de vastes réseaux d’alliances,
- relancer le thème d’une défense commune en Europe.
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